Ô toi tendre poison si cher à mes parents
Toi qui fut ma nourrice, mon ami, mon amant
Venin au doigts de fée caressant mon visage
Toi que je découvris caché dans le nectar
De l’orange sanguine, sucre de mon désespoir
Grace à qui en vingt ans, personne ne me vit sage
Ose croire qu’à présent et malgré mon absence
Lors de nuits sans boussole, lorsque le diable danse
Il m’arrive de rêver à reprendre le large
Toi qui fut le remède à ma timidité
Qui transforma mon père en clochard hébété
Ma compagne perverse, ma nymphe tant adorée
Souvent marchant pour moi, me portant dans tes bras
A l’heure où les ruelles n’acceptent que les rats
Me réchauffant le coeur de tes rayons dorés
Sache que parfois je sors, à Belleville à minuit
Dans l’espoir de te voir, dans le regard d’autrui
Je t’aimais comme Cayenne ou l’île de Gorée
Aimable premier verre, vulgaire première bouteille
Ce n’est qu’avec le nombre qu’arrivaient les merveilles
Ma ville en fût témoin tout comme mon dos brisé
Pour toi je fus voleur, pour toi je fus brigand
Pour te serrer la main, je retirais mes gants
Et j’ai vomis caché, de peur d’être méprisé
Devenu ton pantin, mon avenir non loin
Ecrit sur les horaires du commerçant du coin
Car sur notre divorce personne n’aurait misé
Au goulot des années, s’est éteinte la Gaîté
Comme du papier jaunis, nos visages dévastés
Car je n’étais pas seul, d’autres m’accompagnaient
Combien de naufragés, oui j’en ai vu dormir
Sur le banc d’un jardin, et en hiver mourir
Au réveil du cauchemar, la lumière j’éteignais
Tout ce que je cherchais était pourtant si proche
Je l’ai perdu, je sais, mon coeur me le reproche
L’époque où chaque matin ma maman me peignait
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